Whiplash, les dessous de l’orchestre

Des partitions de vie écrites avec de la sueur et du sang !

Voilà ce qui pourrait ressortir de cette magnifique œuvre dramatico-musicale qu’est Whiplash

Les coulisses de la musique

Whiplash, un film réalisé par Damien Chazelle, est l’adaptation du court métrage du même nom primé du Jury au festival Sundance de 2013 met en avant les traits sombres de la passion musicale à travers des personnages forts en caractère. Le titre du film fait référence au morceau d’ Hank Levy, saxophoniste américain qui a composé ce morceau en 1973 qui apparaît dans l’album Soaring de Don Ellis.

Andrew, interprété par Miles Teller, précédemment vu dans Projet X ou encore Divergente joue un passionné de jazz cherchant à devenir LE batteur qui succéderait à Buddy Rich; pour cela il intègre à l’âge de 19 ans le conservatoire Shaffer à New York, la meilleure école de jazz du pays. Sa formation musicale ainsi que sa passion vont donner lieux à de multiples dommages et modifications collatérales.

Un jeu de rôles sans fausses notes

Le jeu des personnages du film est particulièrement réussi, les traits de caractères sont à la fois soulignés mais naturels. On notera l’interprétation exceptionnelle de Jonathan Kimble Simmons alias Terence Fletcher, professeur et chef d’orchestre tyrannique et lunatique, déjà vu dans la série carcérale OZ, Spider-man ou encore Juno. Il est l’élément central du film, il génère la compétition, la jalousie, la déception, l’intrusion dans la vie personnelle en la détruisant.
En effet, il est difficile de ne pas penser au Sergent Hartman dans Full Metal Jacket, joué par Ronald Lee Ermey. Les attitudes d’intimidations, de provocations, d’humiliations sont les principales caractéristiques de ce personnage qui recherche la perfection musicale au détriment de toute humanité.

Face à lui, Andrew, un passionné qui affrontera son professeur mais progressivement son entourage ainsi que les autres membres du groupe jusqu’à transformer son attitude en soldat du jazz.

Si la présence de ces deux personnages est omniprésente dans le film, c’est également grâce à leurs jeux talentueux qu’ils mettent l’ensemble des autres personnages au second plan.

Une admiration accordée sur la haine

On retiendra également cette évolution du personnage d’Andrew qui évolue vers l’insoumission et l’audace pour obtenir le respect et l’admiration. Sans spoiler, je noterais ce passage où Fletcher repositionne la cymbale( disque de cuivre de la batterie) pour faciliter la prestation d’Andrew, un acte simple mais qui prend une dimension exceptionnelle au vu du personnage.

Ce jeu de mise en scène fait référence également à cette relation de haine et d’amour pour la musique qui unit ces deux ennemis pour devenir ce qu’ils appellent le « bird », celui qui sortira du lot. Fletcher fait d’ailleurs clairement l’allusion en racontant l’histoire de Charlie Parker, saxophoniste américain dont l’histoire montre une forte similitude avec celle d’Andrew.

L’ambiance de compétition attisée par Fletcher est fortement ressentie dans le film à tel point qu’elle en devient un véritable protagoniste. Des scènes stressantes viennent ponctuer le film au point même de se sentir dans la peau d’un des musicien en présence du diabolique chef d’orchestre.

Si certains pensent que Whiplash est un film pour des musiciens, ils se trompent. Cette œuvre va bien plus loin qu’une simple histoire de musicien, elle retrace à la fois le parcours d’un passionné dans un environnement hostile mais aussi l’ensemble des épreuves de la vie et des concessions auxquelles elle nous confronte.

Damien Chazelle nous livre là un morceau de la vie d’un jazz calé sur le tempo de la vie moderne. Excellent.

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