Sicario : est ce que la fin justifie les moyens?

Sicario, le dernier long métrage de Denis Villeneuve est un narco-thriller noir mettant en scène Emily Blunt, Benicio Del Toro et Josh Brolin.

Le film a fait des entrées non négligeables (400 milles dollars) au box-office américain alors qu’il était sorti que dans 6 salles.

Sicario veut  dire assassin ou tueur à gages à Mexico. La traduction est d’entrée de jeu expliquée pour bien mettre le spectateur dans le bain.
Le film dépeint  Emily Blunt étant Kate Macer, un agent du FBI qui a été choisie par une escouade gouvernementale pour se joindre à la lutte prenant place à la frontière américano-mexicaine contre les cartels de drogue.
Josh Brolin est son supérieur un peu ‘cowboy’ et Del Toro est un consultant énigmatique.
Le personnage de Blunt joue parfaitement le rôle d’une boussole morale dans un monde dominé par les hommes, dans lequel elle est incessamment confrontée à la violence et la corruption.

Elle remet en cause ce en quoi elle a toujours cru et elle met en exergue les conflits émotionnels qui la hantent dans un monde des plus sombres.
C’est le personnage à travers duquel nous ressentons et vivons le film.

Alejandro, joué brillamment par Del Toro (accordons lui cela, il le mérite) est un personnage énigmatique et sombre. Il y a un voile de mystère qui l’entoure et qui nous pousse à vouloir creuser pour découvrir tous les tréfonds du personnage.

L’intrigue est bien rythmée et la tension se maintient tout le long. Ça tient les spectateurs en haleine et sur le bord de leurs chaises. Même pendant une petite scène insignifiante on se demande constamment si quelque chose d’important va survenir.

La musique de Jóhann Jóhannsson donne le ton et ajoute un poids presque insurmontable et sinistre au film.
Roger Deakins était aussi de l’équipe. Rappelons que Deakins avait travaillé avec les frères Coen, Sam Mendes ainsi que Villeneuve sur Prisoners.  Le directeur de la photographie a fait un travail remarquable sur le film; les scènes de nuit sont d’un réalisme époustouflant et les prises de vues aériennes de paysages désertiques et en suivant le cortège de voitures à Juarez étaient incroyables.

L’atmosphère  est très sombre et pesante et se maintient tout le long. Sicario n’est pas un film joyeux. Il n’y  pas de moment de répit et on est saisis par cette lourdeur même après le film.
J’avais un sentiment de malaise en quittant la salle et je sentais que le monde extérieur était trop lumineux et trop optimiste comparativement aux deux heures que je venais de vivre.
Ce qui rend Sicaro différent des autres thrillers narcotiques c’est qu’il examine à la loupe la guerre contre la drogue et les méthodes utilisées par les agences américaines pour combattre le fléau.
Le film évoque aussi les  manquements éthiques qui sont tirés de la doctrine que la fin justifie les moyens.

Notons qu’avec un budget estimé à à peu près 30 millions, Sicario aurait pu avoir plus de financement si le scénariste (Taylor Sheridan) avait changé le rôle d’Emily Blunt pour un personnage masculin. Villeneuve a refusé en indiquant que les sujets liés au statut féminin l’affectaient et que sa manière à lui de lutter contre les inégalités dans le milieu était de donner les meilleurs rôles à de grandes actrices.

Denis Villeneuve a ajouté : «Ce film ne porte pas vraiment sur les cartels de la drogue. Il s’intéresse plutôt aux réactions qu’ont les autorités américaines à propos d’événements qui se passent à l’extérieur de leurs frontières. Là, c’est au Mexique, mais cela pourrait tout aussi bien se passer ailleurs. Au Moyen-Orient, notamment.»

Un film que je recommande fortement et je serais étonnée et déçue de ne pas le savoir nominé dans les catégories meilleur réalisateur et meilleure photographie.

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