«Je prends plaisir à m’exhiber, je ne m’en cache pas, je l’assume entièrement. Mais toi? Pourquoi tu me regardes?»
Le rideau se lève sur «Homicide», une pièce de théâtre captivante qui nous plonge au cœur d’un fait divers d’une brutalité inimaginable. Écrite par Pascal Brullemans et mise en scène par Nini Bélanger, cette pièce présente une réalité que nous ne pouvons plus ignorer, une réalité façonnée par le monde numérique et ses côtés sombres.
Le scénario est simple, mais sa force réside dans sa pertinence. Un jeune homme, incarné de manière saisissante par Dany Boudreault, tue un étranger qu’il a rencontré en ligne. Ce meurtre est choquant en soi, mais ce qui suit l’est tout autant. L’assassin outrage le corps de sa victime, filme cet acte abominable, et diffuse la vidéo sur Internet. Des milliers d’internautes, horrifiés mais également fascinés, partagent cette vidéo. Pour l’assassin, ce geste marque le début d’une nouvelle ère, une ère où la violence et l’exhibitionnisme se mélangent de manière perverse.
L’interrogation majeure de la pièce est la suivante : de quoi ce discours mégalomane est-il le symptôme? «Homicide» explore les aspects les plus sombres de notre rapport à l’autre, au désir et à la cruauté. La pièce nous oblige à scruter nos propres parts d’ombre.
Pascal Brullemans, l’auteur, s’est inspiré d’une histoire réelle pour écrire ce texte. Cependant, il ne se contente pas de raconter les faits, il les réorganise pour sonder les enjeux identitaires qui émergent dans une ère numérique en constante évolution. La frontière entre réalité et fiction devient floue, nous forçant à naviguer entre les méandres du web et la commémoration sacrée. Cette pièce révèle la dualité entre l’inhumanité et la compassion qui réside en chacun de nous.
Nini Bélanger, la metteuse en scène, parvient à maintenir un équilibre délicat entre l’horreur et le fantasme. Le spectateur est plongé dans un univers où les masques tombent, où la réalité cruelle est exposée au grand jour.
Dany Boudreault, acteur de renom, relève le défi avec brio. Il incarne un personnage complexe et terrifiant, oscillant entre la terreur et la fascination. Sa performance est une véritable prouesse, un tour de force qui nous pousse à remettre en question notre propre humanité.
En somme, «Homicide» est bien plus qu’une simple pièce de théâtre. C’est une exploration courageuse de l’impact du monde numérique sur notre société. C’est une plongée vertigineuse dans la psyché d’un meurtrier numérique, un voyage inoubliable au cœur de nos propres ténèbres.
La pièce est un miroir troublant, une invitation à la réflexion, un rappel brutal de la fragilité de notre humanité à l’ère du numérique.
