Pluies diluviennes Ă  Katmandou

Après mon arrivĂ©e au NĂ©pal, je suis prĂ©cisĂ©ment Ă  Katmandou. J’entame la dĂ©couverte de la ville, lorsque je suis surprise par les pluies de la mousson.


Imaginez un instant : Katmandou et ses petites rues pavĂ©es de pierres et de briques rouges, ses boutiques et ses Ă©talages, ses marchĂ©s aux Ă©pices et aux encens, ses vendeurs de saris, de tissus colorĂ©s et d’oranges parfumĂ©es. Imaginez un instant toute cette effervescence sous les monstrueuses pluies torrentielles de la mousson. C’est sans aucun doute une image que je garderai en mĂ©moire toute ma vie.

Nous sommes le 18 septembre 2014 et cela fait deux jours que j’ai atterri dans ce pays où je me sens déjà comme un poisson dans l’eau (c’est le cas de le dire!).
Je décide de me promener dans le centre-ville.
Depuis ma petite campagne de Budhanilkantha, je fais signe Ă  l’un de ces bus locaux appelĂ©s « micro-bus Â» de s’arrĂŞter, et je bredouille dans un nĂ©pali incertain les quelques mots que j’ai appris depuis mon arrivĂ©e : « Thamel janĂ© ? Â» Tu vas Ă  Thamel ? Les yeux ronds du jeune portier me font sourire (oui oui, chaque bus a un portier hurlant sa destination par la fenĂŞtre), mais il hoche la tĂŞte et me laisse entrer.
Je m’assois donc sur un morceau de banquette devant ces femmes et ces hommes qui me dévisagent.
Je suis la seule blanche dans le bus, et blonde par-dessus le marchĂ© ! Je suis la seule femme qui n’ait pas le nez percĂ©, la seule qui regarde avidement par la fenĂŞtre ces maisons et ces quartiers qui deviendront très bientĂ´t des repères familiers.

« Thamel tsa ! Â» crie le portier en me regardant. Le bus s’arrĂŞte, je lui tends 10 roupies et je descends.
Thamel, c’est le quartier touristique, et probablement aussi le plus bruyant de la ville. On y vend un tas de souvenirs en tout genre, allant des statuettes de Bouddha aux bols tibétains, en passant par les bijoux pour ces dames, bref le touriste y trouve son compte. Moi, pas. Je traverse rapidement Thamel pour me perdre dans les petites rues populaires d’Hassan.
Je regarde Ă  peine oĂą je marche tant mes yeux sont Ă©carquillĂ©s d’émerveillement. Tous ces marchands de fruits et lĂ©gumes, de chaussures, de tissus, de poteries, de babioles, tous ces bruits, ces klaxons, ces cris, ces bavardages, toutes ces odeurs plus ou moins agrĂ©ables…je ne veux perdre aucune miette de mon nouvel environnement !
Les singes au poil roux cohabitent avec les hommes comme le font les écureuils au Québec, et grimpent le long des poteaux électriques ou sur le toit des temples.

Katmandou
Soudain, je sens une goutte. Puis deux. En un quart de seconde, c’est le déluge.
Je n’ai pas de parapluie, je m’abrite sous le paravent d’une boutique et m’assois pour prendre des photos. En Ă  peine quelques minutes les gens ont de l’eau jusqu’aux mollets. Je suis sidĂ©rĂ©e. Et complètement trempĂ©e !

Katmandou

 

J’entends un homme me faire un signe en criant « Bahini ! Bahini ! Â». Cela veut dire « petite sĹ“ur Â» au NĂ©pal. C’est ainsi que les gens s’appellent ici, tout le monde est le frère ou la sĹ“ur de quelqu’un. Pour ma part, Ă  l’heure actuelle, je semble ĂŞtre la petite sĹ“ur de cet homme qui me fait de grands gestes depuis sa bijouterie. Il m’invite Ă  m’abriter dans son Ă©choppe, et me fait la causette. Dehors, dans ces rues si Ă©troites, les bicyclettes continuent de circuler, les voitures et les motos aussi. Le dĂ©luge dure des heures.

Katmandou

Au Népal, la mousson s’étend du mois de juin à la fin septembre, et régule les récoltes et la vie des habitants.
Mais il en faut plus pour ébranler la vie agitée de Katmandou.

Un proverbe africain, que ma mère se plaît à me répéter souvent, dit que lorsque l’on part loin de chez nous et que la pluie nous surprend, alors c’est du bonheur qui nous attend.
C’est à cela que je pensais, ce jour-là, dans ma petite bijouterie du quartier d’Hassan.

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