Pour le lancement de la saison au Théâtre Prospero, j’ai assisté à la pièce Écoutez nos défaites End mise en scène par Roland Auzet.
D’après le roman de Laurent Gaudé (Eldorado, Le soleil des Scorta), il s’agit d’une coproduction avec la France. La pièce met en scène Gabriel Arcand (Au secours de Béatrice, Le démantèlement) et Thibault Vinçon (Le triomphe de l’amour, Les Amitiés maléfiques).
Table des matières
L’histoire
Gabriel Arcand (Assem Graïeb) campe le rôle d’un agent des services secrets français qui part à la recherche d’un ancien membre des commandos d’élite, interprété par Thibault Vinçon (Sullivan Sicoh), derrière la mort d’Oussama ben Laden. Sullivan Sicoh perd la raison et il revient à Assem Graïeb d’évaluer l’état de sa santé. Il devra décider s’il doit le faire tuer ou le laisser en vie.
Le dispositif visuel
C’est au moyen de dispositifs techniques vidéos et audio que les deux comédiens vont entrer en contact. Des écrans géants meublent le décor et permettent de skyper avec Sullivan sur un autre continent, alors qu’Assem se trouve dans son bureau. On peut comprendre l’usage des vidéos lors de ces échanges, mais je me demande son utilité lorsque nous sommes seuls avec Assem Graïeb dans son bureau (il apparait constamment sur les écrans).
La guerre
La guerre est évidemment le thème central de Écoutez nos défaites END. Basée sur des faits réels, parfois appuyés d’images, la pièce offre une réflexion sur les réalités de toutes guerres. Tapi et seul, Sullivan se questionne sur le sens de la guerre, de la religion et de la rage de tuer. Qu’est-ce qu’une guerre juste et une juste guerre ? Quel est le nombre de morts caché derrière une victoire? Que représentent les défaites, les femmes et les enfants vivant la guerre ? Plusieurs interrogations qui animent la réflexion du spectateur.
Verdict
J’ai été quelque peu étonné des longs monologues soutenus par Gabriel Arcand et des tirades humanistes portés par Thibault Vinçon. De plus, comme les deux comédiens ne jouent pas réellement ensemble (sauf les quelques dernières minutes de la pièce), on peut contester la crédibilité des échanges. Les principaux échanges entre les comédiens sont constitués de Thibault Vinçon à l’écran (je n’arrive pas à déterminer si cela a été filmé préalablement) et de Gabriel Arcand seul sur scène. Malgré tout, si on regarde la performance de chacun des comédiens, elles sont poignantes et d’une grande intensité soutenue. On parvient à ressentir la détresse de Sullivan et ses questionnements viennent nous habiter. À travers leurs échanges, les deux personnages se reconnaissent un vécu commun et cherchent un sens aux conflits auxquels ils ont pris part.
Infos Écoutez nos défaites END
La pièce joue au théâtre Prospero jusqu’au 22 septembre. Comme il s’agit d’une collaboration artistique entre deux compagnies sur différents continents, une tournée internationale suivra. De la France (Limoges, Colmar), par la Suisse (Neuchâtel), la tournée prendra fin au Canada (Toronto, Longueuil).