Love : un porno en 3D ?

Love, le dernier long mĂ©trage de Gaspar NoĂ©, a beaucoup fait parler de lui. Le film a Ă©tĂ© perçu comme un drame sentimental par certains et comme pornographique par d’autres.
Alors qu’en est-il vraiment?

J’ai assistĂ© au film dans le cadre du Festival du Nouveau CinĂ©ma ( FNC) avec la prĂ©sence de Gaspar NoĂ© avec qui nous avions eu une pĂ©riode de questions avant le film  ( voir la vidĂ©o ci-dessous) et aprĂšs le film aussi.

Synopsis : Le matin d’un 1er janvier, Murphy se rĂ©veille aux cĂŽtĂ©s de sa jeune femme ; son enfant de deux ans est dans la piĂšce adjacente. Il reçoit un message vocal. La mĂšre d’Electra, son ancienne flamme, s’inquiĂšte pour sa fille qui a disparu.
Murphy va se remĂ©morer son histoire d’amour tumultueuse, une histoire passionnelle avec des promesses, des jeux et des excĂšs.

NĂ© d’un scĂ©nario de trois pages d’aprĂšs les mots de Gaspar NoĂ© lui-mĂȘme et avec beaucoup d’improvisation, le film se veut l’histoire d’un amour passionnel Ă  travers tous ses aspects notamment le sexe, surtout le sexe. NoĂ© avait dit vouloir montrer la passion amoureuse parce qu’il trouvait qu’elle n’était pas assez filmĂ©e dans les productions actuelles.
Il avait eu l’idĂ©e du film il y a longtemps et avait proposĂ© au couple Cassel-Belluci de prendre les rĂŽles principaux, proposition que le couple avait dĂ©clinĂ©e.

Le film commence par une scÚne du couple qui se masturbe mutuellement, ça nous met directement dans le bain. Il ne fallait sûrement pas attendre moins de Noé.

C’est un film avec du sang, du sperme et des larmes.

Mais Love se veut l’histoire d’une passion amoureuse avant tout, passion amoureuse avec du sexe, beaucoup de sexe. Car effectivement une histoire d’amour ce n’est pas seulement toujours rose et joyeux, c’est aussi de la jalousie, des disputes, des promesses, des erreurs, et bien sĂ»r du sexe. Love 3D

Justement, les scÚnes de sexe ne sont pas simulées et les longs plan-séquence en plongée ne perdent aucun détail des ébats des amoureux.
Certes ces scĂšnes sont nombreuses, mais elles ne sont pas nĂ©cessairement excitantes ni pesantes. Elles ne visent pas Ă  l’ĂȘtre, elles sont sculpturales, esthĂ©tiquement rĂ©ussies et poĂ©tiques.
La photographie de Benoit Debie y est sûrement pour quelque chose. Les éclairages (clair-obscur) et la musique hypnotique (Erik Satie, Death in Vegas, Funkadelic pour ne citer que ceux-ci) font que ces scÚnes ne sont pas dérangeantes.
La narration n’est pas linĂ©aire, elle est plutĂŽt inversĂ©e et entrecoupĂ©e par de rapides fondus noirs, tels un clignement d’yeux. On bascule d’un instant Ă  un autre, comme si le souvenir venait se calquer sur le prĂ©sent.

Murphy pour lequel d’ailleurs on a du mal Ă  avoir de la sympathie ou de l’empathie nous raconte l’histoire de sa propre perspective, en voix-off (technique que NoĂ© affectionne). Murphy_Love 3D

Le personnage n’arrive pas Ă  nous accrocher : inexpressif et non attachant, Ă©goĂŻste, puĂ©ril dans ses besoins.

Le film s’étire aussi un peu trop Ă  un moment. On reprochait dĂ©jĂ  quelques longueurs inutiles Ă  Enter the void aussi.
De ce fait, l’histoire devient secondaire, se voulant la caution de ce que cherche NoĂ© Ă  travers ce film c’est-Ă -dire filmer la passion amoureuse.

Ce que je pourrais reprocher Ă©ventuellement au film, c’est son cĂŽtĂ© sexiste. Il s’agit principalement de plaisir masculin, on ne voit que Murphy avoir des orgasmes tout le long du film. L’éjaculation masculine comme unique point culminant nous ramĂšne au porno hĂ©tĂ©ro.

Et alors LA SCÈNE?

Oui la fameuse scĂšne du l’éjaculation face camĂ©ra, en 3D est quelque peu surprenante. Pas parce qu’on ne s’y attend pas, bien sĂ»r que si! On en a tellement entendu parler. Mais j’avouerais que ça n’enlĂšve rien au cĂŽtĂ© un peu dĂ©rangeant de la chose. Et on se demande surtout la finalitĂ©? SĂ»rement qu’il n’y en a pas. NoĂ© est un provocateur, il veut toujours aller au-delĂ  des limites du politiquement correct et ne cherche pas toujours Ă  vĂ©hiculer un message.
Il a souvent rĂ©pondu quand on lui demandait la signification d’un symbolisme quelconque dans ses films, qu’il trouvait cela esthĂ©tiquement joli.

Au final, Love reste quand mĂȘme un film intĂ©ressant Ă  voir, surtout du point de vue esthĂ©tique.

Le film sort au Québec le 27 novembre.

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